Animée par Margot Dijkgraaf (Gouden Ganzenveer 2021 pour son rôle d’« ambassadeur des Lettres » et Marijn Kruk (Lauréat du Prix de Paris 2004), la nuit des idées 2023, organisée par l’Institut français et la NIAS, s’est tenue lundi 20 février dans l’amphithéâtre de la grande Bibliothèque publique (OBA) d’Amsterdam, bondé pour l’occasion, sur le thème de « Toujours Plus ? ».
Prenant position sur les notions de travail, de production, de consommation, les interventions de Français et de Néerlandais, chercheurs, universitaires, journalistes et/ou activistes, experts dans différentes disciplines (sociologues, philosophes, économistes, artistes) ont éclairé divers aspects de l’idéologie politique de la décroissance, objet de recherche de l’Institut Momentum fondé il y a douze ans et encore dirigé par Agnès Sinaï. Les approches semblent culturellement marquées, systémique et politique du côté français, plus individualiste et responsabilisant le citoyen appelé à l’action, du côté néerlandais.
Les uns appellent à une révolution, d’autres à un changement progressif (Jan Willem Duyvendak). Pour Timothée Parrique, auteur du livre Ralentir ou périr. L’économie de la décroissance (Seuil, 2022), qui « explore le chemin de la transition vers une économie de la post-croissance », on doit « re-proportionner notre économie pour qu’elle puisse prospérer en harmonie avec le reste du vivant ». Le projet politique de la décroissance pour faire advenir un nouveau modèle économique passe par une transition écologique et sociale ; il demande un surcroit de dynamisme démocratique et d’autonomie pour les instances de décisions qui gèrent notre œcoumène, notre cadre de vie.
Le rapport au travail – dont le nom vient de « tripalium » qui désigne un instrument de torture à trois pieux et est donc, en France, souvent associé à souffrance, douleur, comme celle qu’endure une femme « au travail » en train d’accoucher, – a été interrogé tout au long des interventions de diverses manières et en particulier sur un mode artistique très original.
Ronald Rietveld (Prix de Rome 2006) architecte et fondateur de RAAAF avec son frère Erik philosophe, a présenté un film imagination for complex societal issues. Plein d’humour et visionnaire, il annonce la fin de la position assise pour le travail au bureau, proposant une remise en question de la chaise qui sédentarise, et du comportement de la personne au travail, au profit de la position debout et du mouvement.
Questionner le « toujours plus ? » et introduire de la lenteur dans tous les aspects de l’économie – vie, production, consommation – qui deviennent SLOW …, penser l’avenir et donner des outils pour assurer la transition inéluctable vers un nouveau modèle : une tâche pour les arts et sciences humaines, sans aucun doute !
En ce 20 février 2023, un très vaste auditoire de jeunes et de moins jeunes, de Néerlandais et de Français, qui a écouté avec attention et ponctué certains discours par des applaudissements, est reparti chargé de questions mais aussi d’espoir.