Plurilinguisme et interculturalité

La pluralité linguistique et culturelle caractérise nos sociétés et les échanges tant au niveau international que dans le cadre de la vie domestique au sein de nos nations européennes. C’était déjà le cas dans le passé, un regard historique sur les enjeux culturels de l’éducation au plurilinguisme en témoigne.

  • Les langues entre elles dans les usages et les contextes éducatifs en Europe (XVIe-XXe siècles)  (DHFLES 43, 2009).

Pour une historienne de la culture, travaillant dans un Département de langue et culture française à l’université d’Utrecht, les questions sur l’image de la langue française ou de toute autre langue comme langue étrangère et sur leurs locuteurs se sont posées pour ne pas dire imposées. Si hier les modalités d’acquisition de compétences linguistiques étaient la préoccupation de tout éducateur domestique ou scolaire, les compétences de communication interculturelle semblent aujourd’hui déterminantes dans un monde dominé par l’économie et la mondialisation.

L’interrogation sur la didactique des langues et des cultures en relation avec le développement identitaire articule la réflexion sur la compétence de médiateur interculturel et d’actant plurilingue et pluriculturel. C’est l’objet de deux projets de recherche à finalité éditoriale auxquels j’ai participé activement, pendant la première décennie du XXIe siècle.

Le premier à dimension européenne s’est situé dans le cadre du CELV du Conseil de l’Europe à Graz (2000-2004) avec vingt-cinq participants de différents pays de cette Europe plurilingue et pluriculturelle. Situant la recherche dans le cadre de la didactique des langues, il explore le champ de la communication interculturelle qui articule identités et langues, représentations de l’étranger et propose la notion de médiation culturelle comme enjeu des compétences de communication à acquérir dans le cadre de l’enseignement de langues.

Le second projet (2003-2008) a impliqué 90 enseignants-chercheurs de divers continents et représentant 68 institutions, avec des rencontres en France (Paris) et Italie (Macerata), en Californie (Berkeley), en Suisse (Fribourg). Centré sur l’enseignement et l’apprentissage des langues, il « développe le débat sur le plurilinguisme et le pluriculturalisme », engendrant « un regard rénové sur le rôle des langues construit sur une lecture de l’altérité ». Le 8et dernier chapitre thématique du Précis du plurilinguisme et du pluriculturalisme (Éditions des archives contemporaines, 2008) aborde le plurilinguisme dans une perspective historique, analysant des pratiques et représentations des langues parlées, apprises, actées, désirées, socialisées, idéalisées, instrumentalisées.

  • Histoire, pratiques et modèles, in Geneviève Zarate, Danielle Lévy, Claire Kramsch, Précis du plurilinguisme et du pluriculturalisme chapitre 8, Éditions des archives contemporaines, p. 383-433.

La représentation de l’autre détermine, consciemment ou inconsciemment la communication interculturelle, avec comme dans la relation Orient-Occident, un héritage de stéréotypes particuliers.

  • Dans le cas de la Perse du XIXe siècle, les regards mutuels du Shah et des savants orientalistes se partagent pseudo-empathie sur le modèle européen et ouverture sur le monde de l’autre.
  • Dans le cas de l’Orient, la transculturalité est un concept qui permet de dépasser l’héritage colonial dans l’approche du plurilinguisme et pluricuturalisme :  Aux croisements France-Asie (1840-1940)

La formation universitaire en communication interculturelle exploite la relation entre la recherche théorique et son champ d’application qu’est le monde du travail, en particulier dans les organisations internationales.

  • Elle est le fruit d’un cheminement présenté pour le cas de l’université d’Utrecht dans la Préface de l’ouvrage assemblé par des chercheurs en communication interculturelle ayant une fonction de conseil auprès de décideurs en matière de politique éducative, linguistique, migratoire, sanitaire etc…