Entretien avec Charlotte Polin, étudiante à Amsterdam en droit international pénal et en droit des nouvelles technologies, en stage à Europol

J’ai rencontré Charlotte Polin, lors de ma première visite à Europol, le 17 juillet 2025, invitée par S.E. François Alabrune, ambassadeur de France auprès du Royaume des Pays-Bas, pour rencontrer la communauté française d’Europol lors de la venue du ministre d’État, ministre de l’Intérieur B. Retailleau.

La mission d’Europol, Agence de l’Union européenne, qui travaille aussi avec plusieurs pays partenaires non-membres de l’UE et organisations extérieures à l’UE, « est d’aider ses États membres à prévenir et à combattre toutes les formes de criminalité organisée et internationale grave », par la coopération entre états membres.

En stage à Europol, Charlotte Polin est étudiante en droit international pénal et en droit des nouvelles technologies, à Amsterdam. Nous avons poursuivi avec elle, l’échange commencé, pendant la rencontre à Europol.

  • Étudiante en droit international pénal, vous travaillez comme stagiaire à Europol pendant un an. Pourquoi ?

Charlotte Polin : « C’est un rêve de longue date. La mission d’Europol qui est de rendre l’Europe plus sûre est une mission que je souhaite partager.

Avec mon BA de Droit privé obtenu à Lyon, j’ai suivi la formation proposée par l’université d’Amsterdam pour obtenir un MA en Droit international pénal puis celle, à la VU Amsterdam, délivrant un MA en droit des nouvelles technologies. J’y ai ajouté des certificats spéciaux en relations internationales, droit de l’environnement numérique et en cybersécurité.

Faire un stage à Europol, c’est pour moi, mettre en œuvre tout ce que j’ai appris – et qui m’a été fort utile pour bien fonctionner dans l’équipe, remplir les tâches qui m’étaient assignées et pouvoir en effectuer d’autres en contact avec d’autres équipes. C’est ainsi commencer à participer professionnellement à cette mission de créer un monde meilleur en combattant l’injustice et assurant la sécurité des citoyens…. »

  • Dans cet espace plurilingue et pluriculturel d’Europol, vous êtes à l’aise

Charlotte : « Oui, ici la langue de travail est l’anglais, mais les autres langues européennes sont importantes,

J’ai bénéficié d’un enseignement secondaire en section européenne, avec trois langues étrangères, ce qui me permet d’être plurilingue avec l’italien et l’espagnol en plus de l’anglais et bien sûr du français. J’en tire tout bénéfice ici, dans les échanges de travail et de communication avec les collègues des diverses communautés linguistiques, la langue parlée véhiculant toute une culture, une façon de travailler, d’échanger, de décider, de penser les solutions aux problèmes à résoudre. Cela donne une ouverture d’esprit et encourage la tolérance. »

  • Étudiante à l’étranger et stagiaire dans une organisation internationale, quelles compétences complémentaires développez-vous ?

Charlotte : « Les savoirs de spécialités acquis dans le cadre des études de MA doivent être complétés par des connaissances en relations internationales, en géopolitique et bien sûr par une bonne connaissance des institutions européennes et des réalités culturelles qui peuvent être source d’incompréhension, de problèmes. J’ai beaucoup appris en l’espace d’une année de travail à Europol.

Le stage permet aussi de développer des compétences d’adaptabilité et d’organisation. Il faut être flexible et bien organisé. »

  • Pourquoi avoir choisi le plat pays pour votre formation supérieure ?

Charlotte : « Après une expérience plurielle de travail pour la cause des droits humains dans des cabinets d’avocats en France et en Afrique et dans des organisations aux États-Unis et en Angleterre, j’ai choisi de poursuivre mes études à l’étranger. Les Pays-Bas se sont imposés comme un pays où le Droit international pénal s’est particulièrement développé – on y trouve de nombreuses organisations juridiques internationales -, et où les facultés de Droit des universités sont bien positionnées dans les listes d’évaluation mondiale. L’attrait des formations en anglais est en outre évident. »

  • Les études correspondent-elles à vos attentes ?

Charlotte : « Les études ont dépassé mes attentes, tout d’abord pour la qualité de l’enseignement, ensuite pour l’organisation des programmes et l’approche pratique qui consiste à intégrer des interventions d’experts, enfin pour la relation à l’étudiant. La faculté dont la tâche est de délivrer des savoirs académiques se préoccupe aussi de favoriser l’acquisition de savoir-faire, en accompagnant les étudiants, en les guidant et en leur apportant un soutien précieux. Les étudiants sont vraiment pris au sérieux et appelés à s’intégrer dans le pays. En outre, il y a un système d’aide sociale pour les étudiants, absolument favorable. J’étais boursière en France et je le suis aux Pays-Bas, pays qui propose de nombreux avantages financiers pour soutenir les étudiants néerlandais mais aussi ceux de l’Union Européenne. »

  • Quel regard portez-vous sur cette expérience de vie hors du cocon familial, national… ? Aimez-vous vivre dans ce pays ?

Charlotte : « Je suis ravie d’avoir fait un très bon choix en venant faire mes études supérieures complémentaires à Amsterdam et d’avoir obtenu la possibilité de faire un stage à Europol. J’ai toujours travaillé pendant mes études et, à Amsterdam, dans l’hôtellerie et la restauration 5 étoiles. J’ai appris à me débrouiller seule et au cours de ces dernières années j’ai grandi en maturité et en autonomie.

La qualité de vie aux Pays-Bas est très appréciée. Le réseau de transport en commun permet de vivre sans voiture et on se déplace le plus possible à bicyclette, en ville. Et s’il n’est pas facile de trouver un logement, il est facile de trouver un job, même sans parler le néerlandais.

Si rien n’est acquis, il faut bien se rendre compte de la chance que l’on a de pouvoir vivre en Française aux Pays-Bas, dans un pays proche mais en même temps bien différent du nôtre. La distance permet une prise de conscience ; on apprend à connaître ses besoins et à se rendre compte de ce qui nous convient. »

  • Quels conseils formuleriez-vous pour d’autres jeunes Françaises/Français qui souhaitent venir faire des études, des stages et travailler aux Pays-Bas ?

Charlotte : « Tout d’abord, je dirai qu’il faut croire en ses rêves, ne jamais les abandonner et ne pas perdre espoir si la route est difficile longue et parfois contrariante.

Ensuite, il est important de se donner les moyens de ses ambitions et ne pas écouter les rabat-joie qui pointent les impossibilités. Il y a en fait plus de possibilités que ce que l’on croit. Il faut suivre les avis constructifs mais aussi chercher par soi-même. Pour faire des études à l’étranger, il est encore, en France, bien difficile de trouver les informations sur les possibles ; il faut vraiment se démener.

Et puis il faut accepter que si, sur de nombreux plans, l’on gagne beaucoup dans une telle expérience à l’étranger, il y a aussi des sacrifices, en particulier sur le plan familial car on ne peut pas toujours partager des moments importants en famille ou entre amis, parce que l’on est loin. »

Merci Charlotte pour ces confidences et le partage de ce qui vous habite. Votre enthousiasme est contagieux. Cultivez votre empathie, répondez à votre passion et poursuivez votre persévérance !

Je vous souhaite une belle vie de Française aux Pays-Bas pour aujourd‘hui, et pour demain, la possibilité de réaliser votre mission.

Posted in Charlotte Polin, Entretien, Europe de la Défense, Europol, Justice internationale.

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