Un confrère du président de la République parmi les invités, représentants de la communauté française aux Pays-Bas lors de sa visite d’État, le 12 avril 2023 à Amsterdam, Sébastien Trudelle (MOF 2019)…
Emmanuel Macron en tant que président de la République, fait en effet partie de la confrérie des Meilleurs ouvriers de France (MOF). Comme tous les présidents de la République depuis Albert Lebrun, il a été nommé « un des meilleurs ouvriers de France – Honoris Causa », par décision du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse en date du 9 mai 2019 et a reçu le 13 mai 2019, comme tous les lauréats du concours 2018 qu’il recevait à l’Élysée, la médaille en bronze et émail que les titulaires du diplôme ont droit de porter, attachée au cou par un ruban tricolore. Voir la cérémonie
Parmi ces lauréats de la 26e édition du concours, le pâtissier, chocolatier, Sébastien Trudelle (MOF 2019), installé à Maastricht : il représente, aux Pays-Bas, l’excellence française en matière de chocolats, macarons et autres spécialités de la pâtisserie française.
Il y a juste quatre ans, en mai 2019, Sébastien recevait la médaille tant recherchée par les artisans devenus artistes tant leur compétence est exceptionnelle. La remise du diplôme, du titre et de la médaille se fait – depuis la première édition en 1925 – au cours d’une cérémonie dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, suivie d’une réception à l’Élysée. Seulement alors, le Meilleur ouvrier de France (MOF) peut se prévaloir de ce titre de prestige qu’il a remporté lors de la finale du concours de l’excellence en octobre 2018.
La médaille de meilleur ouvrier de France, titre certifié de niveau 5 (Bac + 2) par le ministère du Travail, est décernée à ceux qui le méritent, pour l’excellence du travail fourni – leur chef-d’œuvre ayant montré leur savoir-faire, la maitrise qu’ils ont de tous les éléments du travail – à l’issue d’un concours qui, depuis 1925, a lieu une fois tous les trois ou quatre ans et qui se déroule en deux temps ; les centaines de candidats subissent en effet une première sélection après deux journées de travail, permettant de ne garder que de potentiels meilleurs ouvriers de France qui concourent dans un deuxième temps pendant trois journées de travail sur les sujets proposés. Pour la pâtisserie, catégorie professionnelle dans laquelle concourait Sébastien, trois jurys attribuaient à chaque candidat pas moins de 1000 notes, évaluant leur réalisation sur le plan du travail (côté technique et pratique), de la dégustation du produit réalisé (côté saveurs) et de la beauté de leur œuvre (côté artistique) ; ils ont sélectionné quinze candidats pour la finale et cinq ont été lauréats (en 2023, il y aura deux diplômés sur les douze finalistes).
Pour mériter cette distinction qui fait de vous un « chef » et un maître, il faut travailler dur !
Sébastien a commencé à travailler très tôt et dès son apprentissage à quinze ans, sa soif d’apprendre, son désir de parvenir à l’excellence ont forgé sa philosophie du travail. Apprenti puis aspirant compagnon, il a passé ses diplômes de pâtisserie et chocolaterie mais aussi de boulangerie, travaillant dans diverses entreprises familiales et voyant comment ses patrons apprenaient à se dépasser pour faire toujours mieux, il a appris comment se préparer au concours d’excellence.
Efforts et sacrifices ont accompagné son aventure qu’il partage depuis maintenant une dizaine d’années avec son épouse limbourgeoise, Jennifer. Il l’a rencontrée autour du chocolat, lors du concours du World Chocolate Masters pour lequel il représente la France dans la finale en 2009 ; il se retrouve dans le top 5 et fait alors partie des cinq meilleurs chocolatiers du monde, derrière les chocolatiers américain, allemand et australien. Et elle est animée de la même passion que lui et du même souhait de grandir. « Mariage gourmand » est d’ailleurs le thème qu’il avait choisi pour la première partie du concours de meilleur ouvrier de France et qui lui a permis d’aller en finale.
Ancien membre de l’Union compagnonnique (créée en 1889) et aujourd’hui meilleur ouvrier de France, Sébastien met en pratique sa philosophie qui est non seulement de rechercher la perfection en apprenant et progressant dans sa profession mais aussi de transmettre ses connaissances.
Au cours de notre entretien les termes de « partage » et « respect » reviennent sans cesse.
Amoureux de la vie et de la nature, Sébastien aime pêcher la carpe et écouter le vent dans les arbres, il privilégie les choses simples de la vie et se nourrit du partage : donner du plaisir à ceux qui dégustent son chocolat, ses macarons et ses gâteaux, c’est pour lui se faire plaisir.
Sébastien : « Partager avec nos clients qui vont eux-mêmes partager avec d’autres… On ne fait que se faire plaisir et donner du plaisir ! »
Sébastien partage son savoir-faire et son expérience avec les jeunes générations ; après une formation chez le pâtissier-traiteur d’exception Lenôtre, « créateur d’émotions », Sébastien assure des missions de formation et de perfectionnement à l’étranger, en particulier à Taiwan, auprès d’étudiants et de professionnels.
Pour l’entreprise de Sébastien et Jennifer et leurs deux boutiques Smores à Maastricht et Meerssen, la période COVID a été particulièrement difficile avec une aide de l’État néerlandais de 4000 euros !
Sébastien : « Aujourd’hui encore il faut se battre tous les jours pour notre entreprise : il est difficile de trouver et de garder le personnel qualifié dont nous avons besoin, à qui nous donnons du travail, que nous rémunérons mais dont nous attendons aussi des prestations correspondant au niveau d’excellence que nous proposons. Il nous faut constamment nous adapter et être créatifs.
Vivant et travaillant en contexte néerlandais pour une clientèle essentiellement néerlandaise, notre défi est de faire reconnaitre et apprécier la qualité de nos produits par des clients que nous respectons et que nous encourageons à goûter de bonnes pâtisseries et de bons chocolats que l’on déguste avec plaisir et dans la convivialité.
Ainsi, après avoir fait découvrir le goût du vrai macaron, celui du pâtissier, nous avons ravivé la tradition de la galette des rois, occasion d’un moment de partage. »
À l’écoute de sa clientèle et persévérant dans son entreprise, Sébastien fait preuve de souplesse et d’humilité pour enrichir ses créations ; il revisite la tarte néerlandaise typique du Limbourg, le Limburgse vlaai, en adaptant, avec son savoir-faire à la française, la recette traditionnelle néerlandaise pour en améliorer la qualité gustative et nutritionnelle.
Il souhaite transmettre un message sur le beau et le bon en matière d’alimentation gourmande, résultat du respect de la qualité des produits utilisés et de l’expertise de celui qui les a travaillés, ce qui a un prix qu’il faut savoir reconnaitre.
Sébastien : « À quarante ans et après vingt-cinq ans de travail, j’apprends tous les jours » !
Entier, passionné, puriste, Sébastien est engagé à fond dans la recherche de l’excellence et la transmission de sa passion, reconnaissant qu’il apprend tous les jours comment transmettre son expertise d’une part, et comment, d’autre part, faire en sorte que l’amour de ce que l’on fait soit perçu par celui qui déguste ce qui a été produit avec soin. Le plaisir est alors partagé.
Souhaitons que les autorités françaises aux Pays-Bas donnent souvent à Sébastien la possibilité de faire goûter et déguster ses produits gourmands confectionnés dans l’atelier du seul MOF français pâtissier et chocolatier de renom installé aux Pays-Bas.