Formée en musique classique, jouant de la flûte traversière, Hélène Codjo s’est exprimée avec diverses flûtes du monde avant de devenir Hélène Seiyu, la seule spécialiste de flûte japonaise shakuhachi aux Pays-Bas : une femme d’une richesse phénoménale
Hélène Codjo a suivi une formation de musicienne classique en France et en Suisse et au fil des années, elle a fait des flûtes du monde sa spécialité. Avec ses différentes flûtes, elle a créé des spectacles pour enfants avec les Jeunesses Musicales de France et enregistré pour différents labels, des CD pour enfants.
De sa collection d’une soixantaine de flûtes du monde, Hélène a finalement choisi la flûte japonaise shakuhachi dont elle est devenue l’unique spécialiste aux Pays-Bas.
Comment s’est faite cette approche ?
Hélène :
« La flûte japonaise shakuhachi est un instrument traditionnel utilisé à l’origine par les moines zen de la secte Fuke pour la pratique de la méditation par le souffle.
La première fois que j’ai entendu cet instrument, c’était sur un CD de Yamaguchi Goro et j’ai été immédiatement profondément touchée par le son de cette flûte et par sa musique. Cela ne ressemblait à aucune autre flûte dont je jouais ou que je connaissais.
Le son de cette flûte a fait son chemin en moi inconsciemment, jusqu’à la rencontre à Paris avec mon maître français, Daniel Seisoku Lifermann, puis de son maître japonais, qui est aussi devenu le mien, Teruhisa Fukuda ».
Après des années d’études, Hélène est devenue maître en flûte japonaise shakuhachi. Tenter de faire sienne la tradition musicale japonaise, d’approcher « un autre monde » c’est tout un chemin spirituel qui a mené Hélène à recevoir un nouveau nom.
Hélène :
« Mon maître Teruhisa Fukuda. m’a remis mon diplôme de maître (shihan) et donné mon nom d’artiste Seiyu 聖 優 qui signifie Gentillesse Sacrée.
Concert avec Fukuda Teruhisa à Rotterdam (Centre Culturel Japonais Shofukan)
Le shakuhachi a la particularité de n’être pas seulement un instrument de musique, mais aussi un instrument de méditation. N’étant pas formée au bouddhisme zen, ni à la méditation en général, c’est par le biais du répertoire traditionnel du shakuhachi que je me suis plongée dans cette pratique, qui m’intriguait.
S’il n’est, bien évidemment, pas nécessaire de se convertir au bouddhisme zen pour jouer les pièces sacrées du répertoire du shakuhachi, une connaissance minimum de ses principes de base et de la culture japonaise aide à mieux comprendre la musique que l’on joue. Le répertoire de cette flûte comprend également des pièces de musique de chambre (notamment avec koto et shamisen), de la musique moderne et contemporaine, solo et/ou avec instruments traditionnels et/ou occidentaux.
Personnellement, c’est dans la dimension spirituelle de l’instrument que j’ai trouvé ce qui m’avait manqué auparavant dans la musique occidentale. J’y ai trouvé également une approche totalement différente de la musique, du rythme et de la notation musicale (en japonais bien sûr).
C’est ce que je transmets à travers mon enseignement, mes concerts et enregistrements ».
Hélène vit aux Pays-Bas depuis une dizaine d’années ; elle y a donné des concerts, à Amsterdam et Rotterdam par exemple, et des présentations de son instrument et du répertoire musical. Qualifiée pour donner des cours privés, Hélène l’est aussi pour animer des ateliers pour enfants dans les écoles. Elle souhaite partager sa passion et éduquer à l’écoute du souffle, des sons et du silence.
Hélène :
« Mon installation aux Pays-Bas a marqué le début d’une nouvelle carrière, avec un nouvel instrument, dans un nouveau pays… dont je devais d’abord apprendre la langue ! et où je ne connaissais personne dans le milieu musical.
Un sacré challenge ! »
Les deux dernières années marquées par des contraintes liées à la pandémie ont été terribles pour les artistes, empêchant le contact entre maître et élève, entre concertistes. Pourtant la musique instrumentale est essentielle pour permettre la (sur)vie dans un monde d’oppression. Hélène a profité de cette situation pour réfléchir et inventer de nouveaux moyens de créer du lien par la musique. Passion et compassion vont de pair dans le choix d’Hélène de jouer dehors, dans la nature et de transmettre son expérience en l’enregistrant et en la diffusant.
Hélène :
« Lorsque la pandémie du Covid-19 m’a privée de podium, je me suis mise à aller jouer régulièrement dans le polder et la réserve naturelle à côté de chez moi (Bemmelsewaard). J’ai filmé mes balades musicales sous forme de vlogs (en français) et de mini-concerts.
Le répertoire traditionnel du shakuhachi s’inspirant beaucoup de la nature, cette démarche partait d’un retour aux sources tout-à-fait logique. Passionnée par les oiseaux, j’en suis peu à peu venue à parcourir le polder au fil des saisons, notant l’arrivée et le départ des oiseaux migrateurs, et me familiarisant avec ceux qui sont présents tout au long de l’année. Très actifs à certaines périodes, silencieux à d’autres, les oiseaux sont une source d’inspiration constante, de par la variété incroyable de leurs chants, sons, et rythmes. Cette expérience a radicalement changé ma manière d’écouter le monde, y compris en ville ».
Moines Komuso (Tokyo) et temples (Kyoto),
Écouter et regarder : composition de maître Fukuda Teruhisa sensei
Hélène met en fait à notre disposition un instrument pluriel dont la richesse nous ramène à l’essentiel, « l’essence du son et du silence », une réponse aux demandes de notre monde.
Hélène :
« Dans un monde qui va dans le sens du plus (plus vite, plus de choses, plus de technologie, plus de plus), le shakuhachi va dans le sens du moins. Il invite à écouter le silence, à se connecter à son propre « silence » intérieur (paix, source, énergie vitale, bonheur, peu importe le nom qu’on lui donne) et à se concentrer sur l’essentiel. Pour celui qui en joue, c’est un miroir (pas toujours flatteur), une lumière, le fidèle compagnon que l’on est pour soi-même, et que l’on peut partager avec les autres…
J’ai pu expérimenter les bienfaits du son et de la musique de shakuhachi en jouant régulièrement dans la maison de retraite médicalisée et centre de long séjour hospitalier De Waalboog (Nijmegen) pour des personnes atteintes de maladies neuro-dégénératives et autres démences : quand le patient n’est plus en état d’être stimulé, le shakuhachi apporte une forme d’apaisement par le retour à la simplicité, au souffle et au son ».
De la flûte traversière au shakuhachi, une quête de plénitude dans la simplicité. Hélène parle de « simple flûte ».
Hélène :
« Et c’est aussi une flûte, une simple flûte, qui peut jouer toutes sortes de musiques (classique, jazz, pop, contemporaine etc.), comme une flûte traversière, dont elle couvre presque la même tessiture, avec seulement 5 trous…! La rencontre des timbres du shakuhachi et de la flûte traversière est d’ailleurs un sujet passionnant que j’explore avec la flûtiste Catherine Balmer – et les compositeurs qui écrivent pour nous, comme Elizabeth Brown avec Ellipse – au sein du Duo Satsuzen ».
Hélène multiplie les actions pour faire connaître cet instrument et la musique salutaire qu’il porte. Sa mission est de
« mieux faire connaitre le shakuhachi aux Pays-Bas et à l’étranger en donnant des cours, en ligne et à mon domicile, des workshops et des concerts, et en postant articles, vidéos et méditations musicales ».
Ses productions (Hélène Seiyu : deux CD en solo) sont disponibles à l’écoute sur toutes les plateformes digitales. N’hésitez pas à la contacter !
Nous lui et nous souhaitons « Bon souffle ! »
Photo de l’en-tête © Pierre-Alain Balmer
Liens
Sites webs :
www.fluitshakuhachi.nl (en néerlandais : cours, concerts, actualité)
www.hijirishakuhachi.com (en anglais : répertoire, enregistrements, articles, blog)
www.patreon.com/shakudojo (en anglais et français : dojo virtuel, micro-mécénat pour artistes)
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