Actualité de la vie politique aux Pays-Bas, juillet 2023 : excuses et histoire coloniale

Le rôle de l’économie et de la finance néerlandaise dans l’histoire de l’esclavage, de la traite coloniale

Le travail de reconnaissance du passé esclavagiste néerlandais est en cours et tant du côté politique que du côté social et économique, des actes symboliques forts sont posés récemment, attendus depuis de nombreuses années.

Le Roi Willem-Alexander a formulé des excuses, le 1er juillet 2023 (discours du Roi) six mois après que le chef du Gouvernement l’ait fait le 19 décembre 2022 (discours du Premier Ministre).

Les recherches se multiplient en effet sur les relations entre histoire financière et histoire de l’esclavage, sur les liens entre l’enrichissement des banques et le financement de l’esclavage. Elles le sont, à la demande du Parlement (motion Ceder, juillet 2021) et du Gouvernement d’un côté, à la demande des organisations qui ont aidé à mettre en place le système, les banques (ABN-AMRO, DNB, ING) d’autre part.

Les rapports publiés appellent à un travail de reconnaissance et l’annonce d’une suite.

Staat en Slavernijverleden : Het koloniale slavernijverleden en zijn doorwerkingen (l’État et son passé esclavagiste : le passé esclavagiste colonial et ses répercussions), rédigé par Rose Mary Allen, Esther Captain, Matthias van Rossum et Urwin Vyent (Athenaeum-Polak & van Gennep, Amsterdam 2023) est le rapport remis, le 15 juin 2023, au ministre de l’Intérieur et des relations dans le Royaume le rapport de recherche nationale. Le ministre le remet le 11 juillet 2023, au Président du Sénat (Première Chambre) et annonce le travail de recherche devant y donner suite et pour lequel des pistes sont tracées dans un recueil de neuf articles (Doorwerkingen van slavernijverleden. Meerwoudige perspectieven op de relatie tussen verleden en heden. La Haye, juillet 2023) analysant, à la demande de la commission nationale contre discrimination et racisme, les répercussions du passé esclavagiste et éclairant la relation passé-présent de différents points de vue.

Les banques DNB, ABN-AMRO ont aussi formulé des excuses, suite aux rapports de recherche, pour ABN-AMRO, le Rapport de Gerhard de Kok et Pepijn Brandon (IISG, avril 2022) sur les banque Hope & Co, fondée en 1762) R. Mees & Zonen qui depuis 1975 font partie de ABN-AMRO, pour DNB le rapport de recherche (Leiden, LUP 2022) menée par Karwan Fatah-Black, Lauren Lauret et Joris van den Tol, sur l’histoire de la banque depuis sa création en 1814 jusqu’en 1863, date de la loi sur l’abolition de l’esclavage.

ING finance aujourd’hui un chercheur britannique (à l’université de Leeds) pour une étude sur le passé esclavagiste de la banque Barings Bank qui depuis 1995 fait partie de ING.

Le travail des historiens sur le passé doit permettre de comprendre la société d’aujourd’hui, les marques de l’héritage esclavagiste et les répercussions sociales de l’histoire de l’esclavage.

DNB vient de créer un Fonds DNB dans le cadre du Prins Bernhard Cultuurfonds pour contribuer à réduire les suites de l’esclavage transatlantique à Surinam et dans les Caraïbes néerlandaises, dont les conséquences marquent encore, après cent cinquante ans, la vie des descendants de ceux qui ont été rendus esclaves.

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