Il y a cent vingt ans, en 1905, Bertha von Suttner (1843-1914), aristocrate autrichienne, était la première femme à recevoir le Prix Nobel de la Paix.
Fondé par Alfred Nobel, celui-ci est décerné par un collège de cinq membres désignés par le Parlement norvégien, alors que les quatre autres (Physique, Chimie, Physiologie ou Médecine, Littérature) sont décernés par des académies suédoises.
Nobel laisse à sa mort en 1896 une grande fortune acquise grâce à ses inventions autour de la dynamite qu’il pensait pouvoir apporter à l’humanité le bonheur et la paix en mettant fin aux guerres. Il donne à un comité la charge d’appliquer ses décisions testamentaires en récompensant, chaque année, de grands bienfaiteurs de l’humanité.
Bertha von Suttner et Alfred Nobel dont elle a été brièvement la secrétaire particulière, entretiennent une correspondance depuis leur rencontre à Paris en 1876 jusqu’à la mort d’Alfred Nobel en 1896. Bertha et Alfred se rencontreront à trois reprises (à Paris en 1876 et 1887 puis à Zurich en 1892, en marge du Congrès universel de la paix qui se tient à Berne).
Alors que Nobel affirme que « [ses] usines mettront sans doute plus tôt fin à la guerre que vos congrès », Bertha von Suttner est, depuis le congrès de Rome en 1891, engagée pour faire avancer la paix. Pourtant, dès 1893, il manifeste son soutien à Bertha pour « la noble campagne que vous menez avec tant de force contre l’ignorance et la férocité humaine ».
Il lui faudra attendre plusieurs années avant d’être lauréate, ce que regrette Henry Dunant co-lauréat avec Frédéric Passy en 1901, dans sa lettre à Bertha : « Ce prix, chère Madame, est votre œuvre car c’est grâce à vous que Monsieur Nobel a été introduit dans le mouvement de la paix et c’est grâce à votre force de persuasion qu’il en est devenu le bienfaiteur » (Bertha von Suttner, Amazone de la paix, M-C Hoock-Demarle, Septentrion 2016 ). À suivre…