Proust et la musique … l’importance de la musique dans l’œuvre de Proust est bien connue, mais la relation de Proust avec la peinture l’est tout autant … le « petit pan de mur jaune avec un auvent » devant lequel Bergotte succombe, dans La Prisonnière continue d’intriguer.
Johannes Vermeer est devenu le peintre préféré de Marcel Proust, dès que, lors du voyage qu’il effectue aux Pays-Bas avec Bertrand de Salignac Fénelon en 1902, il visite le Mauritshuis à La Haye où il admire « la Vue sur Delft ». « Depuis que j’ai vu au Musée de La Haye la Vue de Delft, j’ai su que j’avais vu le plus beau tableau du monde. Dans Du coté de chez Swann, je n’ai pu m’empêcher de faire travailler Swann à une étude sur Vermeer », écrit-il, dans une lettre de 1921 à Jean-Louis Vaudoyer, et dans une autre : « vous savez que Vermeer est depuis ma vingtième année mon peintre préféré ».
Avant de découvrir La Haye et Scheveningen, Proust était allé à Amsterdam et à Volendam, alors un tout petit village de pêcheurs aux petites maisons blotties contre la digue.
Volendam est devenu un lieu où se retrouvent des artistes-peintres venant de toute l’Europe, qui séjournent comme le fera Proust en 1902, à l’hôtel-café Spaander créé en 1881 par Leendert Spaander et sa femme Aaltje. Leurs sept filles, particulièrement jolies et dont trois épousèrent un peintre, servent de modèle aux peintres.
Pour Proust, « Mademoiselle Wilhelmina est délicieuse » ! c’est avec ce titre que Jan Brokken contribue à l’ouvrage collectif sous la direction d’Olivier Guez Le Grand Tour, (Grasset, 2022), Autoportrait de l’Europe par ses écrivains, avec 27 contributions, une par État-membre de l’Union européenne.
Et Brokken, ayant vu une photo de Willemien dans l’hôtel Spaander, la délicieuse Wilhelmina portant les vêtements traditionnels et, « comme la Femme lisant une lettre de Vermeer », lisant une lettre d’un air triste, de conclure que Proust « avait reconnu en Wilhelmina – la jeune femme qui s’appelait Willemien -, celle qui avait servi de modèle à Vermeer » (p. 314).