Une culture plurielle pour un engagement au service de la vie. Entretien avec Léa Muruven-Lacroix

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. Prenons garde que le XXe siècle ne devienne pas pour les générations futures celui d’un crime de l’humanité contre la vie » c’est ce que déclarait Jacques Chirac, alors Président de la République, à Johannesburg le 2 septembre 2002, au Sommet de la Terre.

Si le souci environnemental et de la qualité de vie ne date pas d’aujourd’hui, il faut agir !

C’est entre autres le message que Léa Muruven-Lacroix m’a transmis, lors d’un long échange en vidéo, pendant ses vacances à Johannesburg.

Française établie à Utrecht depuis plusieurs années, comment avez-vous investi votre capital culturel et professionnel ?

Léa : « Française par ma mère et Sud-Africaine par mon père, francophone, je vis depuis plusieurs années à Utrecht avec mon mari Sud-Africain et nos deux enfants. Je me suis sentie étrangère aux Pays-Bas tant que je ne maitrisais pas la langue néerlandaise ; j’ai d’abord cherché à créer exclusivement du lien avec les Néerlandais – nos enfants sont d’ailleurs à l’école néerlandaise, avant de me mouvoir en milieu international où je suis maintenant à l’aise aux Pays-Bas.

Après avoir, depuis Utrecht, continué mon travail dans l’environnement à l’international, je me suis investie dans diverses activités, d’abord proposant mon talent d’écrivaine passionnée par la langue et avec deux langues maternelles, le français et l’anglais, à ceux qui en avaient besoin ; j’ai donc fait de la rédaction, de la relecture et de la traduction. J’ai ensuite fondé Seniors Unlimited persuadée qu’il y avait moyen d’entraver le processus d’isolement des personnes âgées. Ce fut une aventure très intéressante et qui m’a beaucoup appris. Je me suis investie comme bénévole mais avec l’idée d’en faire mon travail professionnel, avec pour mission de prévenir la solitude des personnes vieillissantes en leur offrant un espace de rencontre, facile d’accès et permettant de développer des liens dans la durée.

D’une certaine façon mon entreprise participait aussi du développement durable, en cherchant à améliorer la qualité de vie de chacun, et en prenant en compte la diversité et l’inclusion. Elle s’inscrivait en tout cas dans le désir de favoriser le lien et offrir des moments de joie, tout en stimulant le corps et l’esprit. Au bout de deux ans, après avoir traversé la période COVID et alors que l’activité dans l’environnement me manquait, j’ai pu orienter les quelques trente cinq personnes qui participaient aux activités que j’initiais, vers des organismes dont j’avais vérifié la qualité et la fiabilité et qui avaient la même mission. J’étais prête pour un nouveau défi ! »

Vos formations universitaires en France et en Afrique du Sud, avec des master en science politique et en management environnemental, vous ont habilitée à faire du « conseil », concernant des politiques tant nationales qu’internationales. Vous vous dites « pragmatique » et recherchez l’efficacité… Votre nouvelle mission ?

Léa : « oui, mon expérience dans le conseil et dans l’entreprise m’a convaincue que « le mieux est l’ennemi du bien ». Il faut agir !

Plus que tout, je cherche aujourd’hui à utiliser mes compétences linguistiques, culturelles et techniques pour avoir un maximum d’impact, et décupler les bénéfices des projets sur lesquels je travaille. À partir du mois d’août, je travaillerai pour une banque de développement, forte de mon expérience en Afrique et de mes connaissances en politique sociale et environnementale, avec une pratique professionnelle au service de mon idéal. »

Les Pays-Bas sont-ils source d’inspiration dans ce domaine ? offrent-ils plus de possibilités structurelles ?

J’apprécie le côté pratique et direct des Néerlandais. Il permet d’avancer plus efficacement et d’éviter de tourner autour du pot, même si je sais déployer des trésors de diplomatie et m’adapter à d’autres environnements culturels si besoin.

En travaillant en Afrique, je me suis souvent retrouvée dans des situations où les moyens et les connaissances manquaient. Il faut avoir de la ressource et savoir penser en dehors des clous pour trouver des solutions et obtenir des résultats. Les Néerlandais me semblent réceptifs à cette approche, et peut-être plus ouverts aux solutions « hors normes » qui en découlent.

Votre réveil écologique date de votre enfance, il y a plusieurs décennies, et vous avez pris les moyens de pouvoir signifier quelque chose pour le citoyen ici et là-bas, ailleurs sur la planète en acquérant un savoir et un savoir-faire. D’autres deviennent activistes…

« J’ai à cœur de préserver l’environnement mais in fine, il s’agit des conditions de vie des êtres humains. J’essaye de bien comprendre les besoins et j’évite de faire des propositions déconnectées des gens qui sont censés en bénéficier. Je pense que c’est important de garder une bonne dose d’humilité, surtout quand on est le ou la « spécialiste ». Je pars du principe que les parties prenantes sur mes projets savent mieux que moi ce qu’il leur faut : je pose plein de questions et au final, j’apprends énormément.

Mon expérience de travail en Afrique m’a fait prendre conscience de la nécessité de chercher et de trouver des équilibres pour penser et réaliser les politiques environnementales : l’humain doit être et rester au centre de tous les projets. C’est pourquoi, il faut tenir compte des inégalités structurelles nationales, contextuelles pour évaluer le souci environnemental, l’impact social des projets d’infrastructures menées par l’État et faire des choix adaptés.

Même si je ne suis moi-même pas militante, je considère que l’ampleur de la crise climatique, de la détérioration de l’environnement et des inégalités sociales fait qu’on a besoin de tous. On a besoin des activistes, des militants qui, face à l’inaction des puissants, choisissent parfois des manières radicales de se faire entendre. »

Une adresse ?

Léa : « je souhaite à chacun de trouver sa place », ce qui n’est pas toujours facile aux Pays-Bas, dans son pays d’adoption.

Aussi, Léa est-elle disponible pour celui ou celle qui acceptera la main tendue par son offre de contact, avec pour mission de créer du lien, dans la joie et l’inclusion. N’hésitez pas !

Posted in Août, Écologie, Léa Muruven-Lacroix, Société.

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