Il y a vingt ans, en 2003 et aujourd’hui en 2023, une même question au cœur du débat politique en France et aux Pays-Bas : la relation entre l’État et les citoyens.
Le parlementaire Pieter Omtzigt qui, depuis vingt ans, œuvre pour exiger de la part des pouvoirs, transparence et prise de responsabilité dans les pratiques, a fondé, fin août 2023, « Nouveau contrat social », un parti politique qui lui permet de participer aux élections législatives de novembre prochain pour poursuivre le travail de contrôle du Gouvernement. Son programme est exposé dans le livre qu’il a publié en 2021, pour Un nouveau contrat social (Prometheus, 2021) fondé sur une bonne gouvernance d’un côté et sur la nécessité de donner au citoyen l’assurance de pouvoir vivre (bestaanszekerheid).
Parler de « contrat social » c’est s’inscrire dans la tradition de Rousseau qui dans Du contrat social ou Principes du droit politique (Jean-Jacques Rousseau, 1762) traite de la souveraineté du peuple et donc de sa liberté mais aussi de la bonne gouvernance : le législateur est là pour traduire la volonté générale unanime qui doit être intériorisée par tout citoyen au détriment de sa volonté individuelle. Le pouvoir exécutif doit la mettre en œuvre et dans sa totalité.
En mai 2003, la Conférence Érasme-Descartes qui s’est tenue à la Maison Descartes (Institut français à Amsterdam) traitait de la relation entre l’État et les citoyens, questionnant les attentes – la demande sociale, et les réalités dans les systèmes politiques français et néerlandais de tradition divergente mais confrontés aux mêmes défis.
La réflexion menée, en table ronde par des experts comme Alain Touraine et Philippe d’Iribarne, Siep Stuurman et Jacques Schraven et en ateliers pour parler des bonnes pratiques et des propositions en appelait à faire évoluer les systèmes qu’ils soient républicain français ou « arbitral » néerlandais.
Au centre des préoccupations, il y a vingt ans, étaient formulées l’exigence de développement durable et la responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise (voir pour l’actualité du sujet l’entretien avec Matthieu Vonthron).
Si la montée des courants populistes au début du Millénaire, en France comme aux Pays-Bas, manifeste l’inquiétude des citoyens confrontés à une crise de l’autorité et de la responsabilité des pouvoirs publics face aux inégalités, injustices et problèmes en tant de domaines, ces dernières années aux Pays-Bas, les dysfonctionnements de l’État « honnête courtier » (d’Iribarne) demandent à être corrigés.
Avec la création du parti « Nouveau contrat social » et l’écho positif que les prises de position des députés Omtzigt et Carolyn van der Plas (BBB) ont eues sur d’autres partis, la campagne électorale pour les législatives néerlandaises de novembre 2023 prend une nouvelle tournure, mettant au centre du débat ce qui compte pour la société, à savoir le rapport de l’État avec le citoyen et en particulier son action pour garantir à chacun des conditions d’existence décentes.