Quasiment un an après la chute de son gouvernement, Marc Rutte, Premier Ministre démissionnaire, a été nommé formateur, le 16 décembre 2021, chargé de former pour la quatrième fois, un gouvernement de coalition Rutte IV avec les mêmes partis que le gouvernement précédent.
En cette première semaine de janvier, Rutte, futur Premier Ministre s’entretient avec chaque futur membre du gouvernement qui, c’est une nouveauté, est paritaire ; la moitié des postes ministériels sont occupés par des femmes.
Les quatre partis de la précédente coalition se partagent les 21 postes ministériels et 9 Secrétariats d’État. Parmi eux, dix sont attribués à des nouveaux venus dans un gouvernement, qu’ils soient élu(e)s parlementaires ou locaux ou experts dans les domaines essentiels que sont la santé et l’enseignement. Il est en particulier remarquable que le nouveau ministre de l’enseignement, la culture et les sciences soit un physicien de renommée internationale, qui a dirigé l’Académie royale des Sciences (KNAW) puis l’IAS de Princeton depuis 2012, Robbert Dijkgraaf qui est aussi artiste.
Les enjeux de la transition énergétique et du changement climatique étant essentiels et relevant de l’urgence, un nouveau ministère est créé pour le Climat et l’Énergie, confié à un jeune politicien, Rob Jetten, député et chef de fraction politique (D66) à la Deuxième Chambre.
La cérémonie d’investiture du nouveau gouvernement aura lieu le lundi 10 janvier ; chaque ministre/secrétaire d’État est présenté au Roi auprès de qui il prête serment. Puis ce sera la traditionnelle photo où tous ensemble ils posent sur les marches du Palais royal (op het bordes), au Palais Noordeinde, lieu de travail du Roi au lieu de Huis ten Bosch, son lieu d’habitation, afin de pouvoir respecter la distance de 1,5 m. entre les personnes.
Un tel gouvernement pourra-t-il se maintenir longtemps ? lui dont la gestation politique a été la plus longue jamais connue pour obtenir un accord minimal de coalition entre des partis responsables de graves crises qui touchent au fondement de la démocratie, de l’état de droit (affaire des allocations familiales, difficulté pour l’indemnisation des victimes de l’extraction du gaz de Groningue et spéculation non jugulée sur le logement).
Ses engagements pour aujourd’hui et demain, de « porter de l’intérêt à chacun et regarder vers l’avenir » (omzien naar elkaar, vooruitkijken naar de toekomst), d’instaurer une nouvelle gouvernance et une nouvelle culture politique qui exigent transparence et respect deviendront-ils réalité ?
Les choix politiques de mettre une diplomate aux Finances et un expert en finances à la diplomatie interrogent. S’agit-il de se donner les moyens de retrouver une place dans le concert des décideurs européens que monopolisent l’Allemagne, l’Italie et la France ? Aux Pays-Bas de redevenir l’Actant européen qu’il était dans la construction de l’Europe dès le début BENELUX…puis CEE. Les cartes mondiales et européennes ont changé. Une attention renforcée est portée aux relations bilatérales entre les Pays-Bas et la France « unis par des valeurs européennes communes » (Déclaration du 31 août 2021), avec des rencontres régulières entre les deux chefs d’État sur tous les sujets qui concernent l’Europe et le monde. Souhaitons qu’elle porte les fruits espérés.