Le 15 août, fête des « Marie », jour de l’Assomption de la Vierge dans le monde catholique, est aux Pays-Bas un jour de commémoration nationale : le 15 août 1945, la capitulation japonaise signifie la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Trop peu connu par les Néerlandais mais fêté en particulier à La Haye, « la veuve des Indes », et à Rotterdam, ce jour de commémoration nationale est important pour les nombreux (Indo)Néerlandais qui, vivant aux Indes néerlandaises, ont connu l’occupation japonaise commencée il y a quatre-vingts ans, en 1942. Le Japon capitule le 15 août 1945, après le lâchage des bombes nucléaires américaines sur Hiroshima et Nagazaki. L’internement des hommes, femmes et enfants dans les camps pendant trois ans, suivi de la période d’insurrection indonésienne et de massacres (Bersiap) ont coûté la vie à 25.000 (Indo)Néerlandais et ont laissé des traces traumatiques dans de très nombreuses familles ; on compte aujourd’hui deux millions de Néerlandais touchés par une histoire familiale de vécu de la guerre en Indonésie.
Les deuxième et maintenant troisième générations, non seulement honorent leurs (grands)parents, rendant hommage à leur résilience et créativité pour survivre, leur valorisation du goût et de la couleur, mais revendiquent aujourd’hui une appartenance identitaire marquée par une histoire et un patrimoine linguistique et culturel hérités.
Si dans différents endroits dans le pays on commémore, le 15 août, les victimes de la guerre aux Indes néerlandaises, chaque année, le Indisch Monument à La Haye voit un grand rassemblement mémoriel. Et pour ceux qui ne peuvent pas s’y rendre, un programme a été spécialement conçu cette année au musée Sophiahof (Sophialaan 10, 2514 JR Den Haag), de 13 à 17 heures, sous le nom de « l’Est occupé », « de Oost Bezet ».
En outre, une rencontre est organisée à la Grande Église (Grote Kerk – Huis voor de Stad) proposant un dialogue autour de la question de savoir « que commémores-tu ? », après un concert de carillon, à 12 heures, avec le jeu d’une composition de Sinta Wullur et Renadi Santoso sur commande de Tong Tong (une Fondation qui organise des activités autour de la culture indonésienne avec pour ambition de stimuler le dialogue entre l’Est et l’Ouest) pour commémorer toutes les victimes de la guerre et de l’occupation japonaise des Indes néerlandaises et de ses suites.