Commémorations de mai 1945 en France et aux Pays-Bas

Que fête-t-on en mai ? La capitulation allemande et l’armistice ? La fin de la Seconde Guerre mondiale et la Libération ? Après avoir commémoré les morts, les déportés, les privés de liberté… on fête aux Pays-Bas la LIBERTÉ, un bien si précieux à préserver et à valoriser.

Les 4 – 5 – 8 – 9 mai… des jours fériés …  des fêtes nationales…

Le 5 mai 1945, les négociations entre généraux allemand et canadien pour la reddition des troupes allemandes aux Pays-Bas ont lieu à l’hôtel de Wereld (qui signifie « le monde ») à Wageningen ; la capitulation allemande est signée le 6 mai ; c’est pour les Pays-Bas, la fin de la guerre et pour les Néerlandais le recouvrement de la liberté, qui voient leur sol libéré de l’occupation par les armées allemandes. Pourtant le sud du pays a été libéré dès l’automne 1944 et l’île de Schiermonnikoog ne sera libérée que le 11 juin 1945.

Les Néerlandais qui résident en Indonésie devront, eux, attendre encore plusieurs mois avant d’être libérés des camps d’internement japonais, avec la capitulation du Japon le 2 septembre 1945 ; ils seront alors confrontés à une période de violences, tant de la part de l’armée des colonisateurs néerlandais que de la part des Indonésiens dans la nouvelle République d’Indonésie issue de la révolution nationale et auto-déclarée indépendante en août 1945 (période Bersiap), la guerre d’indépendance durant jusqu’au 27 décembre 1949.

Aux Pays-Bas, les 4 et 5 mai sont un moment important de la vie nationale. On fête la liberté, un bien précieux sur lequel on médite ensemble, après avoir commémoré les morts de la deuxième Guerre mondiale, soldats et civils et tous les membres des minorités victimes de la barbarie nazie. Aujourd’hui, on commémore aussi, ce soir là, les victimes des guerres et opérations de la paix postérieures à 1945.

Le Comité national 4-5 mai a été créé en 1987 pour organiser la commémoration nationale des morts le 4 mai au Monument national qui se trouve sur le Dam à Amsterdam et la célébration de la libération, le 5 mai.

Au Dam, il y a d’abord la célébration du souvenir dans l’église nouvelle (nieuwe kerk), avec de la musique, des prières et, chaque année, un discours confié à une notoriété qui a un lien avec la Deuxième Guerre mondiale, avant de chanter l’hymne national, Wilhelmus. Ensuite, au monument du Dam, les deux minutes de silence précèdent le dépôt de gerbes, par le roi au nom de tout le peuple néerlandais puis par des enfants au nom de différentes organisations.

Chaque commune organise le 4 mai au soir, une commémoration au monument aux morts, avec deux minutes de silence à respecter dans tout le pays. Tout s’arrête, la circulation des voitures, des trams… c’est le jour du souvenir qui précède le jour de la libération, le 5 mai où l’on fête la liberté.

« La liberté cela se partage » et une attention particulière est portée à l’éducation, à tous les niveaux de l’enseignement, pour associer les jeunes à une réflexion à la fois mémorielle – le souvenir d’une privation de libertés – et contemporaine, sur l’histoire du temps présent – la liberté n’a pas de prix et il faut en prendre conscience –.

Le soir du 4 mai, à 21h, dans tous les Pays-Bas, théâtres et artistes s’investissent pour donner sens à ce jour de commémoration. Chaque année, plus de cent événements théâtraux programmés ont un lien avec la Deuxième Guerre mondiale. C’est le « Théâtre après le Dam », soulignant ainsi la relation avec la commémoration nationale sur la place du Dam à Amsterdam.

Après les deux minutes de silence respectées dans tout le pays, le Nationale Theater présente des témoignages de Juifs de La Haye, poursuivis, déportés, tentant de reconstruire une vie dans le quartier juif disparu qui deviendra Chinatown : « Les derniers témoins – Des Juifs dans la guerre et après » (De laatste getuigen – Joods in de oorlog en daarna).

La programmation du Nationale Theater (à La Haye et en tournée dans le pays) en cette période tient compte de la mémoire juive néerlandaise.

Ainsi, « Le conseil Juif » (De Joodse raad) est un dialogue entre deux jeunes acteurs face aux décisions de David Cohen et Abraham Asscher, présidents du conseil juif, mis en place par les Allemands. De 1941 à 1943, celui-ci a établi un fichier des juifs néerlandais d’Amsterdam, sur la base du registre d’état civil, ce qui plus tard, permettra à l’organisation allemande de coordonner la déportation des juifs.

Aussi, pour la première fois, est présentée en une soirée la trilogie Leedvermaak, Rijgdraad, Simon. Cette pièce qui dure cinq heures, a été écrite par Judith Herzberg, en trois temps : en 1982, sur commande du groupe de théâtre Baal, avec une représentation au théâtre Frascati à Amsterdam où les gens faisaient la queue sur plusieurs centaines de mètres pour obtenir des billets d’entrée ; en 1995, sur commande du Comité national 4 et 5 mai pour les cinquante ans de la libération, puis en 2001, à la demande des acteurs.

Mise en scène par Erik de Vroedt, avec quatorze acteurs et six musiciens, elle retrace dans la vie d’une famille juive qui a survécu à la Deuxième guerre mondiale, à travers plusieurs générations, l’effet des traumatismes vécus par les parents et tus au lieu d’être l’objet d’un récit, d’un souvenir dont on parle et qui devient mémoire partagée, et palpable chez les enfants et les petits-enfants.

Le 5 mai, c’est la fête en plein air ; les festivals de la libération animent, avec toute sorte de musique, les grandes villes et en particulier Amsterdam.

Quelle différence de modalité de commémoration entre la France et les Pays-Bas pour fêter la libération du pays et la fin de la guerre !

Si la capitulation du Japon n’interviendra que le 2 septembre 1945, après les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, la reddition de l’armée allemande en France, est signée à Reims le 7 mai 1945, les combats devant cesser le 8 mai à 23h01 et la capitulation allemande est signée à Berlin le 8 mai en présence de représentants de l’URSS, des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France. Pour Staline et l’URSS c’est alors le 9 mai, étant donné le décalage horaire, et aujourd’hui encore la Russie commémore cet événement le 9 mai.

En France, la commémoration de l’armistice du 8 mai 1945 a lieu dès 1946, le jour même si c’est un dimanche, ou sinon, le dimanche suivant cette date.

Déclaré jour férié en 1953, le 8 mai ne le sera plus dès 1959, pour favoriser la réconciliation franco-allemande et la commémoration officielle de la victoire sur l’Allemagne nazie sera abandonnée sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981). Cette journée de commémoration sera alors remplacée par la Journée de l’Europe, le 9 mai, en souvenir de la Déclaration faite le 9 mai 1950 par Robert Schumann, alors ministre français des affaires étrangères, sur la construction européenne, et considérée comme moment fondateur de la construction européenne.

Le 8 mai devient à nouveau jour férié, avec François Mitterrand, en 1981 et il l’est toujours.

Le rituel de cette commémoration veut que le président de la République passe en revue les troupes, Place de l’Étoile et sous l’Arc de Triomphe, et dépose une gerbe sur la plaque du soldat inconnu dont il ravive la flamme. Il n’y a pas de bal ni de concerts dans les rues !

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