Artistes francophones, plurilingues et pluriculturels …
Au musée Vincent van Gogh à Amsterdam, « la couleur comme langage » est une exposition de 78 tableaux d’Etel Adnan (1925-2021) dialoguant avec ceux de van Gogh.
Née à Beyrouth sous mandat français, d’une mère Grecque-orthodoxe et d’un père Syrien musulman Damascène, Adnan grandit à Smyrne, ville grecque d’Asie mineure, aujourd’hui Izmir, dans un milieu scolaire francophone. Plurilingue et pluriculturelle, elle est professeur de philosophie en Californie après avoir fait des études à la Sorbonne avant de se consacrer à la peinture et à l’écriture, entre Californie, Liban et Paris. Artiste aux multiples talents, passionnée par le monde arabe, sa situation politique, ses identités et le rôle de la femme, elle peint, écrit un roman en français Sitt Marie-Rose (1977) qui retrace la vie d’une chrétienne syrienne qui s’investit au Liban auprès des réfugiés palestiniens ; elle fait de l’artisanat un art (L’artisanat créateur au Maroc 1983), s’intéresse au textile et en particulier à la tapisserie sur quoi elle écrit Life is a Weaving (2016). Elle publie des livres d’art avec dessins, estampes, gravures, poèmes, calligraphie – elle souligne l’importance du visuel dans l’écriture, dont l’Apocalypse arabe sur la guerre civile libanaise.
Le nouveau directeur du Stedelijk Museum d’Amsterdam, Rein Wolfs, choisira en 2019 deux tableaux de Adnan pour son premier achat. Etel Adnan est morte à Paris le 14 novembre 2021 et laisse une production artistique riche et variée, que l’on a mis du temps à reconnaître. C’est un plaisir d’écouter l’entretien avec Hans Ulrich Obrist (2014).