Il y a 100 ans à Rotterdam, une femme était présidente du Comité de l’Alliance française.

Il y a 100 ans à Rotterdam, une femme était présidente du Comité de l’Alliance française.

Pour commémorer cet événement, une plaque a été inaugurée par François Alabrune, Ambassadeur de France aux Pays-Bas, le 11 janvier 2023, dans les locaux de l’Alliance française de Rotterdam.

Il y a cinq ans déjà, à l’occasion des 125 ans du comité de l’Alliance française de Rotterdam (1893-1918), un programme culturel spécial a été proposé de janvier à juin 2018, avec entre autres, du 19 mars au 14 avril 2018, une exposition présentant l’histoire du comité.

Une attention particulière y a été portée à Anna Boot (1869-1924)

– dont la mère (Anna St Ange Chasselat) est née à Paris, de père Français (le peintre Henry Jean Saint Ange Chasselat)

– qui a épousé P.J. van Wijngaarden le 15 septembre 1892

– dont la francophonie et la francophilie étaient tant appréciées qu’elle a été sollicitée pour devenir présidente de l’AF Rotterdam en 1921

– et qui est morte le 4 juin 1924, à 55 ans.

Anna van Wijngaarden-Boot sera donc présidente, pendant trois ans, de 1921 à 1924.

On parle d’elle dans le livre jubilée de 1930 des Comités de l’Alliance Française en Hollande en ces termes :

« Jamais la France n’a eu en Hollande amie plus dévouée, plus intelligente, plus érudite que Madame Anna van Wijngaarden-Boot. La mort nous l’a prise trop prématurément. Elle aimait la France, y était attachée par des liens d’une sympathie spontanée et vibrante et par sa descendance d’un artiste, qui dans le monde des peintres a gardé une place estimée. Elle l’avait parcourue dans toute les directions et se plaisait à raconter ses souvenirs de voyage dans les humbles villages de France. Elle avait le besoin de faire admirer par d’autres ce qu’elle aimait, non pas en s’imposant de force, mais parce que elle était convaincue, parce que ça la tenait entièrement. Toute la culture française lui était familière et jamais un appel n’a manqué de trouver un écho dans ce cœur dévoué et ardent. »

Nommée en 1924 officier de la Légion d’Honneur (par le ministère de l’Instruction publique), elle n’a plus pu recevoir sa décoration avant son décès.

Le couple Van Wijngaarden-Boot, sans enfant et possédant une grosse collection d’art choisit de faire de leur maison un musée et en 1931 le mari d’Anna créa une fondation pour héberger ses biens. Cette maison a été complètement détruite sous les bombardements de mai 1940 et les objets d’art perdus.

En 1984, soixante ans après la mort d’Anna Boot, un de ses petits neveux redonna vie à la fondation (Stichting Verzameling Van Wijngaarden-Boot) avec pour but explicite de soutenir la langue et la culture française et la vie musicale à Rotterdam.

Un don de cette fondation permit à l’Alliance française de Rotterdam d’acheter en 1985 un bâtiment historique au Westersingel 14 !

La rénovation du bâtiment, en 1996, par le bureau d’architecte OMA (Office for Metropolitan Architecture, fondé par Rem Koolhaas en 1975) et l’atelier van Lieshout mais aussi l’achat de l’œuvre d’art réalisée en 2000 par Daniel Buren – qui attire l’attention du public et valorise la façade – ont pu être financés par un don de cette fondation van Wijngaard-Boot. (source https://www.alliancerotterdam.nl/wp-content/uploads/2018/02/brochure_125AFR_WEB.pdf)

Si Anna van Wijgaarden-Boot a été la première femme présidente d’un Comité de l’Alliance française aux Pays-Bas, les dames semblent avoir été assidues à participer aux activités de l’Alliance française dès le début de son existence à Rotterdam, à en croire Pierre Foncin, qui, dans « La langue française aux Pays-Bas », Revue internationale de l’enseignement, 1889, 17 : 262-277, affirme que la langue française est toujours honorée en Hollande, précisant que :

« En voici une preuve de plus. Au commencement de cet hiver M. Bresson [Pasteur de l’Église wallonne et publiciste, fondateur du Comité de l’Alliance française de Rotterdam en 1893] fut prié par quelques personnes de donner à Rotterdam une série de conférences en français. Ses amis ne l’encourageaient guère. Mais les dames qui avaient pris l’initiative de la demande insistèrent et tellement que M. Bresson se décida à mettre une adresse dans les journaux. Le résultat a confondu les pessimistes et les optimistes eux-mêmes. Plus de 180 personnes ont suivi les conférences qui étaient payantes, et malgré le froid, la neige, sont restées assidues jusqu’au dernier jour. M. Bresson a parlé de Michelet, Henri Martin, Daudet, Laprade, Amiel, Caro, Sarcey, Erckmann-Chatrian, Labiche, Deschanel, Ferd. Fabre, Theuriet. » (p. 276)

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