À propos d’une icône culturelle, le vélo hollandais
Ma bicyclette Peugeot, mauve, avec son guidon droit, ses trois plateaux et sept pignons qui me permettent d’avoir 21 vitesses à enclencher avec mon dérailleur, je l’ai depuis 1995 et je dois m’en séparer ou toutefois en enfourcher une autre, par mesure de sécurité. Pour la réparer le devis est salé car il ne suffirait pas de changer les freins et les pneus !
Il m’en faut une autre … fi de la valeur émotionnelle de mon deux roues, l’investissement exigé par la réparation n’en vaut pas la peine si l’on raisonne comme le marchand et réparateur de cycles.
Et c’est là que le bât blesse…
Que me vend-on ?
Een stadsfiets, « un vélo urbain », expression qui ne fait pas partie de mon vocabulaire mais qui est la réponse à toutes mes questions : il est bien sous tout rapport.
Je dois me séparer de mon idée de bicyclette, celle qui va aussi vite qu’une électrique, qui me fait sentir que je pédale avec vigueur, celle qui a un joli look dans la forme et la couleur, celle qui me fait sentir la liberté dans le vent, bref la mienne !
Quelle expérience de monter sur cet engin nouveau ! se tenir tout droit, assise sur une selle relativement large et souple, au lieu d’être assise sur une selle dure, tenir entre les mains un guidon tout à fait différent de celui dont j’ai l’habitude et sur lequel j’étais plus ou moins penchée, et pour pédaler, un déplié des genoux qui n’est pas complet. Enfin et surtout, aller à la vitesse d’un escargot en dominant la chaussée et se déplacer sur la piste cyclable est un ressenti bien différent de celui d’avaler les mètres qui défilent.
C’est cela le vélo hollandais ? Batavus il se nomme !
Il est temps que je m’adapte et enfourcher ce vélo urbain, nouveau pour moi, je le vis comme une entreprise d’insertion… finie « la distinction » – pour reprendre l’expression de Bourdieu – qui s’opérait par ma bicyclette Peugeot, sans antivol intégré, sans carter de chaine etc…, pas comme les autres, pas comme celles de mes amies !
J’ai gardé en mémoire la réflexion de la maman d’une camarade de classe de notre fille, lorsque nous allions chercher les enfants à la sortie de l’école : « on voit bien que tu n’es pas Néerlandaise, tu ne sais pas faire du vélo ». Autrement dit, tu n’es pas des nôtres car tu ne te tiens pas de la même façon sur le deux-roues et tu ne pédales pas tranquillement et régulièrement comme nous.
Est-ce donc dans ma huitième décennie que je dois me transformer et accepter le mode de circuler à la Hollandaise ? c’est une épreuve d’insertion culturelle pour laquelle je m’arme de patience.
Wat een prachtig verhaal over jouw fiets Marie Christine.
Ik lees je emoties over het afscheid nemen van je Peugeot fiets.
Je bent vast gauw gewend aan je mooie grijs-groene Batavus stadsfiets.
Misschien fiets je nu niet zo snel als op je Peugeot, maar zeker veiliger!