Hélène Pichon, bienveillante, habitée, engagée

Bienveillante, habitée et engagée, telle est Hélène Pichon qui m’a accordé un entretien, au sortir d’un film (« Mon crime » de François Ozon) dont la projection en Ciné Première, avant même la sortie officielle en France, était organisée par l’Alliance française de La Haye dont Hélène est Directrice. Le film en français a fait salle comble, résultat sans aucun doute d’efforts continus pour rendre efficace la diplomatie culturelle qu’Hélène déploie au maximum, faisant usage entre autres des réseaux sociaux pour participer à des événements ayant le français en partage.

Animée d’un grand optimisme et de la conviction d’être en mission, Hélène rayonne de gratitude : elle est depuis quelques mois, en mission à La Haye, ville de la Paix et de la Justice internationale, mise pour un mandat de quatre ans à la disposition de l’Alliance française par l’ambassade de France aux Pays-Bas, tant pour la direction à La Haye que pour la coordination des alliances françaises aux Pays-Bas.

Investie d’une mission

Hier à Cork, aujourd’hui à La Haye, vous poursuivez la même mission…

Hélène : « Concrètement il s’agit de nourrir le dialogue en faisant vivre les regards croisés : nos murs de l’Alliance française de La Haye accueillent des expositions de diverses expressions artistiques et nos salles, des rencontres entre Français et Néerlandais ; mon ambition est de lancer des activités pour approfondir la réflexion sur des sujets qui nous concernent tous ; mon action est de fédérer pour que les différences puissent s’exprimer dans le respect mutuel. Et l’Alliance française, fondée en 1883, est pour moi une belle structure dont la modernité consiste à transmettre la langue et la culture françaises en partage, dans la diversité et le plurilinguisme ; elle fête ses 140 ans cette année ! »

Outre la Direction de l’Alliance française de La Haye, vous avez la tâche de coordonner l’ensemble des Alliances françaises des Pays-Bas qui sont au nombre de 33 (elles ne seront bientôt plus que 30, suite à la fusion prévue de trois Alliances), le premier comité de l’Alliance française aux Pays-Bas ayant été fondé à La Haye en 1890. Comment voyez-vous votre rôle ?

Hélène : « je souhaite dynamiser le réseau, faire entrer les 33 alliances françaises des Pays-Bas dans un jeu collectif, partageant les ressources que l’on peut partager, les aidant à se professionnaliser et à donner un meilleur service aux Néerlandais et autres internationaux qui recherchent un savoir linguistique et culturel, répondant à la charte de qualité.

Il nous faut aussi conquérir de nouveaux publics dont ceux qui se réapproprient la langue française héritée ou perdue. Le projet ‘Et en plus je parle français’ va dans ce sens. »

… Pour la Francophonie

En ce mois de mars, nous fêtons la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars et la Journée internationale de la Francophonie dont la promotion des valeurs fait votre quotidien, le 20 mars.

En cette journée internationale de la Francophonie, vous organisez un événement spécialement pour les jeunes mais aussi pour tous publics, pour promouvoir la langue et la culture françaises dans sa diversité et sa richesse plurielle :

Hélène : « L’Alliance française de La Haye donne, en effet, un podium à six pays de la Francophonie : le Cameroun, le Maroc, la Roumanie, le Sénégal, la Tunisie et la Wallonie-Bruxelles, que les visiteurs découvrent au travers d’une activité culturelle propre au pays », le 20 mars 2023.

Journée internationale de la francophonie à l'Alliance française de La Haye

Hélène Pichon avec les ambassadeurs de Tunisie, France et Rwanda, le 20 mars 2023 à l’Alliance française

Et le 15 mars, Habib Ben Salah fait une conférence sur « la langue française, un pont entre l’universel et le diversel », posant la question de savoir si la francophonie est toujours « une géométrie des esprits », mettant à l’honneur la Tunisie où s’est tenu en novembre 2022 le dernier sommet de la Francophonie et dont l’ambassadeur aux Pays-Bas prend la présidence du GAF, le groupe des ambassadeurs francophones.

Deuxième femme à être à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie, après Michaëlle Jean qui a occupé le poste de Secrétaire générale de l’OIF de janvier 2015 à janvier 2019, Louise Mushikiwabo, « citoyenne du monde, profondément africaine et originaire du village nommé « Rwanda », Leader pour la Paix, a été élue secrétaire générale en décembre 2018 et réélue en décembre 2022 pour un nouveau mandat de quatre ans.

Pour les femmes

Dernièrement lors d’une soirée à l’Alliance française de La Haye vous avez demandé un moment de recueillement, une pensée pour les jeunes filles iraniennes victimes de violence dans leur école, empoisonnées par des gaz toxiques, parce qu’elles souhaitent recevoir une éducation scolaire, le gazage d’écolières ayant déjà été utilisé comme cela en Afghanistan et au Nigéria. Vous manifestez ainsi votre engagement pour les femmes et y associez vos interlocuteurs.

Avec Hélène Conway-Mouret et Marja van der Hoeven

Vous vous adressez aux femmes du monde entier pour « conquérir toutes ensemble notre parfaite égalité » et, luttant contre l’inégalité entre les hommes et les femmes, vous revendiquez la parité Hommes-Femmes, sujet dont Emmanuel Macron avait fait une priorité dans son programme, appliqué pour la diplomatie en nommant plus de femmes à la fonction d’ambassadeur de France.

Actrice sociale mais aussi auteure… pour la diplomatie féministe

Hélène : Oui, j’ai publié en 2017 « L’éternel au féminin. Manifeste pour une nouvelle théologie de la libération qui revendique la pleine et entière parité pour les femmes au sein des hiérarchies des grands monothéismes. Enrichi de témoignages de diverses femmes éminentes et préfacé par Delphine Horvilleur, femme rabbin du Mouvement Juif Libéral de France, auteur de magnifiques essais, il va être réédité en deux langues. »

Hélène : « Je m’inscris dans la ligne du féminisme de Simone de Beauvoir et si le féminisme s’arrête aux portes des lieux de culte, on aura échoué ! »

Vous vous engagez pour que la diplomatie spirituelle soit aussi ouverte aux femmes et avez candidaté à la nonciature apostolique. Vous souhaitez, par tous les moyens, entre autres associatifs, servir la Paix ; c’est un engagement « politique » au sens premier du terme, pour la cité qui demande le dialogue entre secteur public et secteur privé et la coordination des forces, comme au sein de l’Alliance française.

Vous avez une âme de leader, exerçant sa tâche dans la fermeté et la douceur …, comment voyez-vous votre fonction de Directrice de l’Alliance française de La Haye ?

Hélène : « Ma force, c’est de mettre en avant le talent des autres, de leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes. Je suis membre d’une équipe et agis avec bonté et bienveillance. Aujourd’hui je suis à La Haye dans un environnement culturel d’une richesse exceptionnelle, demain je mettrai mon énergie au service d’autres, moins favorisés, dont j’irai à la rencontre. La diplomatie culturelle est un bel outil au service de la paix. »

Des engagements internationaux et européens

Hélène : « Je suis engagée en effet dans diverses organisations européennes et internationales non gouvernementales (OING) dont l’objet et les activités convergent pour faire advenir la paix, dans le respect des différences culturelles et du principe d’égalité hommes-femmes.

Ambassadrice de la Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la jeunesse, je souhaiterais que la célébration internationale du 80e anniversaire du Petit Prince prenne sens aussi à La Haye, capitale de la Paix et de la Justice internationale.

Conférence pour les 80 ans du Petit Prince à la Société littéraire de Witte à La Haye

Mon intérêt pour la question européenne suivi de mon engagement dans des organisations internationales non gouvernementales date du temps de mon adolescence, confrontée au collège avec la mémoire vivante de la déportation et de la résistance, ce qui a décidé de ma mobilisation. J’ai donc des responsabilités, comme celle de membre de la gouvernance, en charge des relations institutionnelles de l’Institut Robert Schuman pour l’Europe. Fondé en 1982 et présidé aujourd’hui par une femme, Yamina Benguigui, il met en avant « la loi de solidarité des peuples » et entend ‘renforcer les liens culturels et politiques entre les peuples et les continents’, centrant son action sur ‘les droits des femmes, les liens Europe/Afrique et les populations en mouvements’.

Enfin je suis mobilisée pour décider et agir afin que les 17 objectifs de l’Organisation des Nations-Unies pour le développement durable puissent se réaliser à l’horizon 2030 et c’est l’objectif de SDG Champions (Sustainable Development Goals) dont je suis membre fondateur et la secrétaire générale ».

Votre ancrage local respire de la force de votre réseau…

« Cela fait de moi un être universel » m’avez-vous dit ! Quelle chance avons-nous que vous soyez à nos côtés à la Haye où vous faites vivre et revivre une présence culturelle française, loin de la pensée unique trop souvent dominante dans nos sociétés occidentales.

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